This article was originally published in The Toronto Star on January 25, 2017 as ‘Don’t let Canada become haven for tax dodgers’ (link here).
La version française de cet article apparaît ci-dessous
By James Cohen and Adam Ross
Criminals, kleptocrats, and tax evaders are taking advantage of Canada’s stellar reputation as an open and honest place to conduct business. Today, Transparency International released its annual Corruption Perception Index, giving Canada a commendable 82 out of 100 transparency score and ranking Canada as the 9th least corrupt country out of 176. Canada owes this ranking to our peoples’ expectations of ethical behaviour, strong public institutions, a free press, and an ingrained rule of law.
However, look beyond Canada’s low corruption ranking and within its institutions, real threats hide in plain sight. Our system is being used as a getaway vehicle for corrupt politicians, drug traffickers, tax evaders, and every kind of thief to launder the money from their criminal enterprises. There are few places on Earth where it is easier to set up an anonymous company. That makes Canada an attractive place for people looking to avoid the scrutiny of law enforcement or tax authorities. A corrupt foreign politician can come to Canada and have a nominee set up a company or trust for their benefit, and make it nearly impossible for anyone to determine its true ownership.
On the surface, the Canadian government appears to be aware of the problem. It has made pledges at the G8 and G20 to close off the loophole of anonymous ownership. But while other G20 partners – including EU member states and Australia – take steps towards making companies and trusts transparent, Canada, with its clean reputation, becomes an increasingly attractive place to park illicit money.
The threats posed by anonymous ownership of companies and trusts are being flagged by law enforcement and civil society. A study of RCMP proceeds of crime cases found that nominees – individuals who front for anonymous owners – are used in more than 60% of cases where real estate is bought with criminal proceeds. Another study based on RCMP data found that corporate structures are used in more than 70% of money laundering cases in Canada. The Charbonneau Commission into corruption in Quebec’s public works sector identified multiple instances where anonymous companies were used to defraud the government.
The RCMP recently acknowledged that they know of multiple cases of Chinese government officials laundering the proceeds of corruption through Vancouver real estate. The Chinese government has also flagged Canada as a major destination for corrupt funds it plans to recover. A recent Transparency International Canada report profiling Vancouver real estate dug into the issue and identified several cases that show how individuals who embezzled millions of dollars from banks and other businesses overseas have brought the money into Canada and invested it in real estate. An influx of proceeds of crime could be a factor in driving up property values in Vancouver and other Canadian cities.
In the absence of beneficial ownership disclosure on property titles, Canada is seeing widespread use of nominees on titles in order to take advantage of principle residency tax exemptions and to avoid foreign ownership taxes. This problem could be addressed by requiring beneficial owners to be listed on title.
Trusts are also being widely used to avoid tax obligations. There are around 210,000 trusts registered with the Canada Revenue Agency, but the government estimates there to be millions of trusts with assets in the country. The exact number of trusts is unknown, as registration is not required by law and only carried through self-reporting for tax purposes. Potentially millions of trusts could be used for tax evasion. The Canadian and provincial governments are losing millions in revenue to support public coffers due to their own legal gaps.
A low cost, high impact solution to the anonymous ownership problem would be to introduce a public registry of companies, trusts and their beneficial owners. This step has support from Canadian law enforcement, business, and civil society. It will cut down on red tape in police investigations, save the government money, reduce business risk and make it more difficult for criminals to launder money and remain anonymous. Canada does not yet have a reputation abroad for being a haven for money laundering and tax evasion, but the conditions are there for it to become one. We have acknowledged through our international commitments what needs to be done. Now we need to make the necessary reforms.
James Cohen is Interim Executive Director of Transparency International Canada
Adam Ross is a corporate investigator and the author of TI Canada’s recently published report, ‘No Reason to Hide: Unmasking the Anonymous Owners of Canadian Companies and Trusts’
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Les criminels abusent de la bonne réputation du Canada
Par James Cohen et Adam Ross
Les criminels, les kleptocrates et les adeptes de l’évasion fiscale abusent de l’excellente réputation du Canada comme lieu d’affaires ouvert et honnête. Transparency International a publié aujourd’hui son indice de perception de la corruption annuel, attribuant au Canada un très louable indice de transparence de 82 sur 100, ce qui classe le Canada comme le 9e pays le moins corrompu sur 176. Ce bon classement du Canada s’explique par les attentes nationales en matière de comportement éthique, des institutions publiques solides, une presse libre et l’enracinement des règles de droit.
Cependant, de réelles menaces se profilent de manière ouverte dans nos institutions, en dépit du faible niveau de corruption du Canada. Des politiciens corrompus, des trafiquants de drogue, des adeptes de l’évasion fiscale et toute une variété d’autres criminels se servent de notre système pour blanchir l’argent de leurs activités illicites. Il y a peu d’endroits au monde où il est plus facile qu’ici de mettre sur pied une société anonyme. Cela fait du Canada un endroit attrayant pour les personnes qui cherchent à éviter l’attention de la police ou des autorités fiscales. Un homme politique corrompu étranger peut venir au Canada, où un prête-nom aura établi une société ou une fiducie à son profit, de manière à rendre presque impossible pour quiconque de déterminer qui est le véritable détenteur de ces biens.
Le gouvernement canadien semble être conscient du problème, du moins en apparence. Il s’est déjà engagé au G8 et du G20 à mettre fin à cette échappatoire de la propriété anonyme. Mais alors que d’autres membres du G20 – dont les États membres de l’UE et l’Australie – adoptent des mesures de transparence pour les entreprises et les fiducies, le Canada, en raison de son impeccable réputation, s’impose de plus en plus comme un lieu de prédilection pour placer de l’argent illicite.
La police comme la société civile soulignent actuellement les menaces que pose la propriété anonyme des sociétés et des fiducies. Une étude de la GRC sur les produits de la criminalité a révélé qu’on utilise des individus servant de paravent aux propriétaires anonymes dans plus de 60 % des dossiers où l’argent du crime est utilisé pour acheter des biens immobiliers. Une autre étude basée sur les données de la GRC a révélé qu’on utilise des structures d’entreprise dans plus de 70 % des cas de blanchiment d’argent au Canada. La Commission Charbonneau sur la corruption dans le secteur des travaux publics du Québec a identifié plusieurs cas dans lesquels des sociétés anonymes ont été utilisées pour frauder le gouvernement.
La GRC a récemment reconnu qu’elle a connaissance de nombreux cas de fonctionnaires du gouvernement chinois qui ont blanchi le produit de leur corruption par l’intermédiaire du marché immobilier de Vancouver. Le gouvernement chinois a également identifié le Canada comme une importante destination pour les produits de la corruption qu’il envisage de récupérer. Un récent rapport de Transparency International Canada portant sur le secteur immobilier de Vancouver s’est penché sur la question et a révélé plusieurs cas dans lesquels des individus ayant détourné des millions de dollars de banques et d’autres entreprises à l’étranger ont transféré ces sommes au Canada pour les investir dans l’immobilier. Un afflux de produits de la criminalité pourrait être l’un des facteurs ayant provoqué une flambée de la valeur des propriétés à Vancouver et dans d’autres villes canadiennes.
En l’absence d’information vérifiable sur les détenteurs des titres de propriété, le Canada assiste à une utilisation généralisée de prête-noms afin de profiter des exonérations fiscales s’appliquant à la résidence principale, ainsi que pour éviter les impôts sur la propriété étrangère. Ce problème pourrait être résolu en exigeant que le propriétaire effectif soit identifié sur le titre de propriété.
Les fiducies sont également largement utilisées pour éviter les obligations fiscales. Près de 210 000 fiducies sont formellement enregistrées auprès de l’Agence du revenu du Canada, mais le gouvernement estime qu’il existe des millions de fiducies gérant des actifs partout au pays. Le nombre exact de ces fiducies demeure inconnu, parce que leur enregistrement n’est pas requis par la loi et qu’il n’est réalisé que lors de l’autodéclaration à fin fiscale. Des millions de ces fiducies pourraient servir à l’évasion fiscale. Les gouvernements, tant fédéral que provinciaux, perdent des millions de dollars de revenus qui pourraient renflouer les caisses publiques, en raison de leurs propres lacunes juridiques.
Une solution à faible coût, mais à fort impact sur le problème de la propriété anonyme serait d’introduire un registre public des sociétés, des fiducies et de leurs bénéficiaires. Cette mesure a reçu l’appui de la police, des entreprises et de la société civile partout au Canada. Elle permettrait de réduire les formalités administratives lors des enquêtes policières, d’économiser sur le budget de l’État, de réduire les risques entrepreneuriaux et de compliquer les activités des criminels souhaitant blanchir de l’argent tout en restant anonymes. Le Canada n’a pas encore une réputation de paradis du blanchiment d’argent et de l’évasion fiscale à l’étranger, mais les conditions sont réunies pour la mériter. Nos engagements internationaux reconnaissent déjà qu’il faut s’engager dans ce sens. Nous devons maintenant effectuer les réformes nécessaires.
James Cohen est directeur général intérimaire de Transparency International Canada
Adam Ross est chercheur dans le domaine des affaires et l’auteur du récent rapport de TI Canada intitulé «No Reason to Hide: Unmasking the Anonymous Owners of Canadian Companies and Trusts»