Malgré certains signes encourageants, la performance du Canada reste décevante.
Le score du Canada dans l'Indice de perception de la corruption (IPC) 2022 de Transparency International stagne avec une note de 74 sur 100. Mais si le Canada est resté dans le peloton de tête des pays les moins corrompus, son classement est cependant passé de la 13e à la 14e place, dépassé par l'Australie et l'Irlande.
"Nous entendons certaines choses positives de la part du gouvernement du Canada, comme l'accélération de la création d'un registre des bénéficiaires effectifs et un engagement de mettre en place une nouvelle agence de lutte contre la criminalité financière", a déclaré le directeur exécutif de Transparency International Canada, James Cohen. "Mais il y a aussi des moments où le gouvernement faillit à la tâche lorsqu'il s'agit d'améliorer l'accès à l'information, de lutter contre la corruption internationale ou de sévir contre les fautes professionnelles."
Dans le budget fédéral de 2022, le gouvernement canadien a devancé la création promise d'un registre des bénéficiaires effectifs accessible au public de 2025 à 2023. Le gouvernement a également annoncé qu'il allait créer une Agence canadienne de lutte contre la criminalité financière.
Cependant, le Canada traîne encore des pieds dans d'autres aspects de la transparence et de la lutte contre la corruption. La société civile et les médias continuent de réclamer des améliorations au régime inadéquat du Canada en matière d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels (AIPRP). Le Canada continue de faire l'objet de critiques internationales pour son application "limitée" de la loi sur la corruption à l'étranger, malgré les assurances de la Gendarmerie Royale du Canada que des cas seront traités. En outre, un autre ministre du gouvernement fédéral est contrevenu à la loi sur les conflits d'intérêts en 2022.
Au niveau provincial, en Colombie-Britannique, l'enquête de la "Commission Cullen" sur le blanchiment d'argent a publié en 2022 son rapport tant attendu. Certains Britanno-Colombiens ont été déçus qu'aucune personne ne soit tenue responsable dans le rapport. Le commissaire Cullen a cependant formulé un certain nombre de recommandations structurelles pour lutter contre le blanchiment d'argent, notamment en demandant au gouvernement fédéral d'agir.
Alors que la Colombie-Britannique a commencé à s'attaquer aux problèmes du passé, l'année 2022 a vu une érosion inquiétante de la surveillance aux niveaux provincial et municipal. Des enquêtes ont été demandées en Ontario à la lumière de révélations que des entreprises avaient acheté de manière préemptive des terrains auparavant protégés dans la "ceinture verte" de l’Ontario, qui ont maintenant été ouverts au développement.
"Les décisions prises par les provinces affectent grandement le paysage global de la responsabilité et de la transparence du Canada, il faut donc les surveiller également", a déclaré Cohen. "Par exemple, si les provinces ne coopèrent pas avec le gouvernement fédéral sur le registre de la propriété effective, le Canada aura du mal à rendre ce registre efficace."
Résultats globaux de l'IPC
L'IPC révèle que, malgré des efforts concertés et de nombreux gains durement acquis, nous ne pouvons pas tenir pour acquis les progrès réalisés dans la lutte contre la corruption. L'ampleur du problème est énorme : la moyenne mondiale reste inchangée, avec un score de 43 sur 100 pour la onzième année consécutive, et plus des deux tiers des pays (122) ont un grave problème de corruption, avec un score inférieur à 50.
Le Danemark arrive en tête du classement cette année avec un score de 90. La Finlande et la Nouvelle-Zélande suivent de près avec un score de 87.
Les pays les plus mal classés sont la Somalie (12), la Syrie (13) et le Sud-Soudan (13). Ils sont tous plongés dans des conflits prolongés.
Méthodologie de l'IPC
L'IPC note 180 pays et territoires du monde entier en fonction de leur perception de la corruption dans le secteur public. Les scores reflètent l'opinion d'experts et d'enquêtes auprès d'hommes d'affaires, et non du public. (Voir la vidéo sur la méthodologie).
L'IPC est calculé à partir de données provenant de 13 sources externes, dont la Banque mondiale, le Forum économique mondial, des sociétés privées de conseil et de risque, des groupes de réflexion et autres.
L'IPC utilise une échelle de 0 à 100 ; 100 est très propre et 0 est très corrompu.
Les types de corruption dans le secteur public pris en compte dans l'IPC comprennent les pots-de-vin, le détournement de fonds publics, les poursuites efficaces des affaires de corruption, les cadres juridiques adéquats, l'accès à l'information et les protections juridiques pour les dénonciateurs, les journalistes et les enquêteurs.
L'IPC ne mesure pas les activités telles que la fraude fiscale, le blanchiment d'argent, le secret financier, les flux illicites d'argent sale ou d'autres formes de corruption dans le secteur privé.
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